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 La connerie humaine (suite et fin, attention pavé)

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4 participants
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Phalenopsis
Gros nounours
Phalenopsis


Nombre de messages : 733
Localisation : Reflet de lune
Date d'inscription : 18/05/2005

La connerie humaine (suite et fin, attention pavé) Empty
MessageSujet: La connerie humaine (suite et fin, attention pavé)   La connerie humaine (suite et fin, attention pavé) EmptyJeu 8 Déc - 21:02

Dehors les illuminations colorées baignent la ville dans une atmosphère joyeuse. Les derniers passants se pressent, les uns pour rentrer chez eux, les autres les bras chargés de cadeaux vont chez des amis. Une neige fine tombe, recouvrant peu à peu les toits, comme dans un conte de Noël.

Catherine regarde son fils dormir paisiblement. Il est si mignon, il commence à parler depuis quelques mois et gambade déjà partout comme un grand. Dans son sommeil d’ange, il doit rêver à tous ces cadeaux qu’il a commandés au Père Noël. A cette pensée elle étouffe un sanglot et referme la porte doucement afin de ne pas le réveiller.
Son regard se pose sur le petit sapin artificiel et anémique. Il n’a qu’une seule guirlande, bleue et argent pour le décorer. A ses pieds, il n’y a pas de cadeaux. Il n’y en aura pas. Elle essuie les larmes qui coulent le long de ses joues d’un revers de main. Elle ferme les yeux et les rouvre, espérant qu’un miracle se soit produit, que Ptiot soit encore là, que ses parents ne l’ait pas rejeté après son mariage avec ce « bon à rien » comme disait son père. Mais non, le sapin est toujours là, toujours aussi rachitique, comme témoin de son existence à elle.

Elle n’a plus d’argent. Elle a essayé le soir précédent d’en trouver. Elle s’était dit « ce sera juste un mauvais moment à passer et comme cela Thibaut aura son avion dont il m’a tant parlé ». Elle était sortie après que son fils se soit endormi. Elle avait fait attention à bien fermer la porte à clé, et avait descendu les marches de son vieil immeuble une à une, comme pour retarder l’inévitable. Elle avait marché jusqu’au parking à coté de la gare. Elle s’était mise dans un petit coin, à l’écart des lumières, entre une belle Mercedes et un Traffic. Là, ça n’avait pas tardé, un type rougeaud en costume gris était venu la voir et lui avait soufflé son haleine alcoolisé à la figure : « Combien pour une pipe ?
- 30 Euros, avait-elle répondu d’une petite voix, se mordant la langue.
- 20, pas un de plus. » Il avait sentit l’hésitation dans la voix de cette jeune femme maigrichonne et comptait bien en profiter.
Il avait descendu sa braguette et sorti son engin flasque quant elle avait opiné de la tête. Elle s’était mise à genoux, approchant ses lèvres du truc. Et là, elle avait senti son odeur, un mélange d’urine et d’elle ne savait pas trop quoi. Elle avait vomi sur les chaussures vernies du bonhomme et avait fait quelques mètres à quatre pattes, l’estomac retourné. Il avait crié elle ne savait plus quoi et elle s’était enfui en courant, le plus vite qu’elle pouvait.

Les grognements de son ventre la ramènent à elle. Cela fait quarante huit heures qu’elle n’a rien avalé de solide. Elle se sent mal, incroyablement mal. Elle se laisse aller dos contre le mur. Elle s’assoie les jambes repliées contre son torse et pleure. Les larmes chaudes lui coulent le long de son visage. Qu’a-t-elle fait de sa vie ? Comme dans un brouillard, elle se relève, continuant à sangloter. Elle n’en peut plus, se dirige vers le coin cuisine. Ne saisissant pas la portée de ses actes, elle prend un couteau aiguisé, va aux toilettes. Elle retient un cri quand la lame glisse sur ses poignets, dans le sens vertical comme lui avait expliqué une copine au lycée. L’acier mord la chair, laissant le sang s’échapper. Elle glisse ses mains dans la cuvette des W.C., afin que l’eau aide à la circulation du sang.

Le matin, un jeune orphelin se réveille, se demandant quel avion lui a apporté le Papa Noël.

***

Thibaut est grand maintenant. Il a onze ans et est le plus grand de sa classe. Cela ne plait pas à Annie, sa « mère » actuelle. Elle grogne toujours qu’il grandi trop vite, qu’il faut sans cesse lui acheter de nouveaux vêtements. Thibaud ne comprend pas pourquoi elle dit ça à la gentille femme noire qui vient le voir de temps en temps. De toute façon, elle ne lui en achète jamais, elle lui donne les vieux de ses fils, tous plus grands que lui.

« Encore en train de rêvasser ? Et la vaisselle c’est moi qui vais la faire peut-être ? Et après t’ira étendre le linge dans le cellier ! » A la première syllabe, Thibaut s’est relevé en sursaut et court à la cuisine. Il monte sur le petit tabouret et fait couler l’eau chaude. Il se gronde lui-même pour ne pas l’avoir fait à la sortie de table. Maintenant la sauce tomate a accroché à la poêle et aux assiettes, et il lui va falloir frotter, sans utiliser le grattoir vert pour ne pas risquer de rayer la vaisselle. Il met le liquide nettoyant dans l’eau et attend que cela mousse bien. Ensuite, il commence par les couverts, faisant attention à ne pas se couper avec les lames aiguisées. Il joue avec une fourchette et une cuillère, imaginant que l’ensemble est un avion.
Il se voit voler dans les airs, commandant un de ces montres d’aciers, si lourds, mais faisant pourtant concurrence aux oiseaux. Il va dans le ciel, espérant croiser ses parents, son père qu’il n’a jamais connu, sa mère dont il n’a aucun souvenir si ce n’est celui d’un corps chaud contre lui.

Un sourire aux lèvres, imaginant ces retrouvailles, avec ces parents qui ne l’ont pas abandonné, comme lui a expliqué la femme noire, mais qui ont été tristement coupés de leur fils, Thibaut étant le linge dans ce cellier froid et noir. Thibaut n’aime pas l’obscurité, et Annie le sait bien. En plus, le froid et l’humidité du linge trempé lui engourdissent les doigts. Il fait attention à ne pas faire tomber le linge par terre. La dernière fois, ça lui a coûté trois coups de ceinture sur les fesses.
Il entend un grattement derrière la machine à laver. Il est sûr que c’est un rat. Tom, le mari d’Annie, lui a expliqué un jour que les rats aiment dévorer cru les enfants, surtout ceux qui ne sont pas sages comme lui. Ils commencent par les yeux, puis la langue… Secouant la tête Thibaut imagine en souriant que son père arrive, prend le rat et le fait cuire en brochettes, pour le faire manger à Annie et Tom.
Et puis d’abord un jour, c’est lui qui leur donnera à tous les deux des coups de ceinture !

***

Un grattement sec. Une étincelle embrase le souffre. Sur le bois de l’allumette jaillit une petite flamme. Elle est approchée du foin qui attend patiemment là où il a été posé. La flamme s’étend à l’herbe sèche, une fumée odorante s’en échappe. Le feu court sur les brins, les consumant rapidement. Il s’étend au bois mort posé sur l’herbe.

Les quatre yeux regardent ce feu, apaisant avec ses petits crépitements. Les flammes dansent dans la nuit, éclairant les deux étudiants. Ils se regardent dans les yeux et s’embrassent, s’embrasent. Suivant l’exemple du bois, ils laissent leur passion les dévorer. Gestes tendres, maladroits.
Couverts de sueur ils s’observent, ne sachant comment gérer ce silence qui s’est installé entre eux. La fille, prenant l’initiative, demande : « Dis-moi Thibaut…
- Oui ?
- Jean-Marc m’a dit qu’au collège, tu étais le mauvais élève type, une vraie brute… J’ai eu du mal à le croire comme tu es major de la promo, et si doux… » Elle lui sourit d’un air tendre.
Thibaut garde un peu le silence, admirant le corps nu de la fille qui était avec lui, éclairé par la lueur du feu. Il fouille dans les poches de son jean’s, ses mains tâtonnent dans ce pantalon jeté négligemment quelques temps auparavant. Elles rencontrent son vieil Opinel…

« J’ai eu des mauvaises passes, c’est vrai. Mais la vie n’est pas toujours noire. C’est un de mes profs de collège qui me l’a appris. Je ne foutais rien, causais toujours des problèmes. Ma moyenne générale était proche de 3. Celui là, M’sieur Moroni, mon prof de maths en quatrième s’est intéressé à moi. Un soir, après que la sonnerie ait retentit, il m’a retenu en classe. Et m’a demandé ce que je foutais là. On a parlé, j’avais pas l’impression de parler à un prof, il utilisait mes mots, mes termes. Et a fini par me faire parler de mes rêves. Et a fini par me demander quand est-ce que je j’essayerai de les vivre, ces rêves.
Il m’a assez troublé. Et le lendemain matin, j’étais en avance au collège. Moi en avance ! Je savais, comme tout le monde, que ce prof commençait ses journées par prendre un verre au Balto, le bar en face de l’école. Et là, on a reparlé. Et encore plus tard. On a gardé contact quand j’ai quitté le collège. Et voilà. Il m’a changé, non pas par ses cours, non pas par ses notes, mais en me comprenant, en étant humain avec moi.
Les seules choses que j’ai gardées de cette époque, ce sont des souvenirs, mon vieux couteau et cette sale habitude. » Pour illustrer ses propos, il jette sa clope dans les flammes et montre son opinel à sa compagne.
Thibaut prend la jeune femme contre lui, la serre fort dans ses bras et pose sa tête sur son épaule, afin de cacher les larmes qui lui montent aux yeux.

***

Des cris, des hurlements de douleur résonnent dans les couloirs déserts. L’acier aiguisé coupe facilement les chairs. Du sang gicle sur le carrelage blanc. Des infirmières s’affairent en tous sens.
« Pour quoi ça fait si mal ? Tu n’es qu’un salaud à me regarder souffrir ainsi ! »
Une main se pose sur le front de la femme et une autre vient serrer sa main à elle, essayant de lui partager sa force. « Pousse ma chérie, pousse ! »

Après quelques minutes leur semblant une éternité, un cri perçant jaillit dans ce monde. Le médecin pose la fille qui vient de naître sur sa maman. Thibaut les regarde toutes les deux en souriant. Même ainsi, les traits tirés par l’effort et la fatigue, sa femme reste la plus belle. Et ce petit bout posé sur elle, quel bonheur !

Il prend sa fille que lui tend une infirmière dans ses bras. Il passe sa main sur le petit front, essayant de voir la couleur de ses yeux entre les paupières mi-closes. Quand la main de sa femme vient se poser sur son épaule, il éclate en sanglots. Que la vie est belle…


Dernière édition par le Jeu 8 Déc - 21:04, édité 1 fois
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Phalenopsis
Gros nounours
Phalenopsis


Nombre de messages : 733
Localisation : Reflet de lune
Date d'inscription : 18/05/2005

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MessageSujet: Re: La connerie humaine (suite et fin, attention pavé)   La connerie humaine (suite et fin, attention pavé) EmptyJeu 8 Déc - 21:04

Voilà un petit passage d'espoir dans un monde de brute...

Comme pour la première partie, vos impressions m'intéressent énormément.
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Ketty
Tite coquine
Ketty


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Date d'inscription : 10/10/2005

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MessageSujet: Re: La connerie humaine (suite et fin, attention pavé)   La connerie humaine (suite et fin, attention pavé) EmptyDim 11 Déc - 11:08

Merci Nounours.
En fin de compte, c'est ses rêves qui l'ont sauvé. Heureusement qu'il en avait.
J'aimerais bien être aussi doué que son prof, ça me servirait beaucoup ^^

En tous cas, bravo pour le style. Continue! On aime bien les histoires nous.

Ketty, la plus Grand Guerrière d'Azeroth
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Selir
Lolesque
Selir


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Date d'inscription : 31/08/2005

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MessageSujet: Re: La connerie humaine (suite et fin, attention pavé)   La connerie humaine (suite et fin, attention pavé) EmptyDim 11 Déc - 21:24

Effectivement c'est super. Continue :D
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Elanora
Lumineuse
Elanora


Nombre de messages : 977
Age : 46
Date d'inscription : 19/05/2005

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MessageSujet: Re: La connerie humaine (suite et fin, attention pavé)   La connerie humaine (suite et fin, attention pavé) EmptyLun 12 Déc - 22:16

Trés bien écrit ca rien a dire, mais bon ce n'ets plus étonnant.

Ca reste cependant encore bien noir, certe la fin est heureuse, mais déja que le pauvre était mal embarqué avec l'épisode précédent, la ca démare et il lui arrive encore un truc pas top. La suite n'ets pas rose tout de suite.

Disons que l on rescent ton sépticisme vis a vis de l'Humanité^^.
Il est vrai que tour n'est pas rose, mais il y a aussi de bonne chose dans la vie^^.

En tout cas, c'est vraiment génial niveau style et écriture, enfin moi j'aime. Le thème un peu moins, mais ca reste quand même quelque chose de fort qui ne laisse pas indifférent.

Bravo.
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