Et puis

Il y a. Il y a tant en nous. Tourbillons de nos pas, cyclone incessant. Lorsque l’aventure se déchaine et que le ciel est si bleu.

C’était l’aube. Enfin presque, le soleil s’était déjà levé de bon matin. Les allers et retours commençaient à se murmurer avec empressement dans les innombrables couloirs de l’établissement. Comme si une ruche avait décidé de manière impériale qu’elle avait trop tarder à bourdonner. Les abeilles étaient donc de sortie. Et leurs empreintes résonnaient sur les premières voix hésitantes et un peu endormies des voyageurs.

Il esquissa quelques danses imaginaires, dans le grand lit à baldaquin. Accomplissant son style rituel, mélange complexe de bâillements et d’étirements, signalant le retour d’une longue ballade d’une nuit champêtre, chevauchée sur des prairies de rêves et de pensées imaginaires. Il ouvrit finalement les yeux. Et après un ultime regard sur la fenêtre, déjà bien vivace par la lumière matinale, il se leva.

Il se dirigea. Posément. Plus pour reprendre contact avec la terre ferme. Vers la modeste salle de bains. Sur l’un des murs, une petite cloche attendait. Prête à remplir son office. Il la secoua. Un peu comme un appel vers la magie de la fourmilière. Quelques minutes, plus tard, la grande bassine, trônant royalement au milieu de la pièce, commença à se remplir d’une eau chaude venue des entrailles de l’auberge.

Il se dévêtit. Et plongea. Enfin le terme le plus exact est qu’il se laissa coulé et happé par le bac, tout en bois. Et l’eau toute tiède y attenant. Il était quelques fois des réveils qui pouvaient être assez agréables. Il n’offrit aucune résistance à la sensation de délassement qui l’envahit. Et laissa son esprit vagabonder. Tel un oiseau s’envolant, jouant avec ses brises, grisé par l’immensité de l’espace et la hauteur des cieux.

« La licorne aux sabots d’argent » méritait amplement sa réputation légendaire. Cela faisait longtemps que le chasseur n’avait connu un tel luxe. Apres bien des mois à déambuler sur les routes d’Azeroth, il était heureux de s’offrir cette escale. Peut-être vieillissait-il un peu. Mais ce n’était pas de refus. Il prolongea longuement le plaisir du bain.

Finalement, après un café bien noir, aussi noir que sont blanches les plages infinies de Tanaris, il s’attela à la rédaction de cette lettre. Il trempa la plume dans l’encre. Et son mouvement resta en suspens. Mille idées le traversant, s’entrechoquant dans une totale confusion. Par quoi commencer ? Comment trouver les mots ? Ceux qui sont les reflets de vos pensées, des chuchotements de votre âme ?

Il regarda longuement la missive, le papier ou s’enchevêtraient les mots. Hésitant. Finalement, ses traits se détendirent. Il fallait qu’il écrive. C’était plus fort que lui. C’était en lui. Tout simplement. Tel un nuage ne désirant que s’ouvrir à la pluie, telle une montagne attendant impatiemment chaque hiver ses couronnes d’argent.

Le pli prit sa destination quelques heures plus tard.

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Il y a. Il y a tant dans les lointains, ces champs de l’infini, ces rivières d’impossibles lendemains. Et qu’enfin, l’horizon étincelle de mille feux.

Un interminable instant, il regarda la boite aux lettres. Comme si elle allait engloutir une partie de sa vie. Qu’elle était devenue d’un seul coup, la maitresse inflexible de son destin. Elle était porteuse d’un bel espoir. Elle était là devant lui, pesamment immobile, s’appuyant fermement sur le sol, soutenue par une imposante colonne. Recelant en son sein des volées de mots, de messages, protégés par une implacable carapace d’acier. Il lui dédia une dernière attention, une ultime sollicitude. Que cette missive lui dévoile le premier jalon d’une gracieuse fortune. Prière silencieuse se lovant dans le brouhaha de la cohue matinale.

Il marcha un peu. Humant l’air du temps, les brassées du vent. Remplissant ses poumons de visions de ciel bleu, de vagues dansantes sur des paysages si clairs. Ses pas le menèrent prés du débarcadère. Quelques marins déambulaient sur les jetées, tels des danseurs accomplissant leur ballet nautique journalier, foulant ces rivages de terre ferme. En préparation sûrement d’une nouvelle traversée, en quête d’une immortelle odyssée.

Finalement, il arriva à l’ultime avancée du port, dernière dérobade avant le plongeon de l’océan. Le soleil s’était bien installé dans le cadran horaire de la journée. Miroitant ses arrondis de rayons lumineux et éclairant toutes les activités quotidiennes de la cité portuaire en pleine effervescence. Le long des quais, ce n’était qu’une longue file de déchargements suivi de chargements tout aussi rapides. Quelques bateaux, solides gaillards aux voiles en repos, étaient nonchalamment amarrés. Attendant leur heure. Et leur tour.

Il imaginait leur départ, foc d’artimon en avant, prêt à découdre avec la chorégraphie des éléments. Ces voiliers du bout du monde, tournés vers un seul cap. Leur compas leur souriant des longitudes et des latitudes. Bourrasques de rafales, rugissements d’ouragans d’océans déchainés, calme plat de risée apaisée, autant d’étapes pour marquer leur cavalcade sur des prairies scintillantes, bercées par les vagues.

Tel un matelot, yeux fixés sur la proue, tentant de découvrir, à travers les cordages d’un mât de misaine, sa route, il laissa son regard effeuiller ses lignes entre ciel et terre. Tentant, lui aussi, de rejoindre à sa manière, sa destination. Et puis d’attendre que le fil des événements se défasse, pour peut-être, tracer quelques signes du paradis.

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Et puis. Il y a cette croisade. Qui bourdonne en vous, essaim complexe et infernal de sentiments multicolores. Elle est en vous. Inaccessible et si forte à la fois. Elle est comme un guide, un messager dans chacun de vos pas. Une lumière douce et pénétrante. Phare de ces océans si sombres parfois.

Au cœur des hautes atmosphères, l’hélianthe voyageur dévoilait ses pétales lumineuses dans un cycle perpétuel et sans fin. Les embruns étaient bien loin. Reflets de mer d’huile respirant le souffle adouci de ses vagues. Les constellations de nuages s’étaient dissipées, chassées par un azur des cieux, traqueur et rayonnant. Seuls quelques cris de ralliement, assommés de discussions et de palabres de commerçants, venaient perturber de temps en temps la musique des flots et de la brise.

Il souriait. Comment en aurait-il pu être autrement ? Comment nier cette troublante évidence ? Ce battement en lui, frémissant et incessant. Il ne voyait plus que ce monde, dans des farandoles de couleurs, si vives et lancinantes à la fois, intenses et ravissantes. Son visage brulait en lui tel un cavalier flamboyant, torche affolante, dévalant avec entrain les mélodies de ces feux heureux et radieux. Ses pensées n’étaient remplies que d’Elle.

Elle était la vie. Elle était cette ligne ensorcelante dans chacun de ses regards. Tourbillonnant en lui, telle une mousson déferlante, annonciatrice de beaux lendemains. Il ne voyait que douceur et tendresse dans ce visage qu’il aimait tant. De longs cheveux auréolaient son front noble et ses yeux ou perçait la bienveillance. Elle créait en lui des montagnes joyeuses qu’il ne désirait que parcourir, encore et encore. Juste caresser, simplement, lentement, sa joue, murmurait des chansons qui étourdissaient tous ses refrains.

Il était temps pour lui de rejoindre Garryeth Proxima dit Secondevue. Il s’était établi dans la partie basse de la ville, fournisseur attitré des cartes, magicien incontournables des nouvelles et des derniers potins d’Azeroth. Ce marchand était comme un repère, une balise pour le chasseur, avant d’entreprendre tout nouveau voyage. Bientôt, peut-être, l’appel de l’aventure résonnerait en lui.

(j'aime beaucoup... manque le recit des beuverie a la taverne de... oui oui je suis loins la bas et cacher aussi... )