Assise sur une branche à une dizaine de mètres du sol, adossée au tronc, l'elfe contemplait la nuit et les étoiles. Un pantalon bleu vif, lacé sur le coté des jambes, du haut des mollets aux hanches, une brassière dans les mêmes tons qui laissait voir son ventre plat et musclé par l'exercice quotidien et un chapeau rouge vif enfoncé sur le crâne la faisait passer presque pour une enfant. Sans rajouter sa façon de s'assoire, une jambe repliée, et l'autre pendant de la branche.
Seule la lumière de ses yeux et l'intensité de son regard en direction de la voûte céleste laissait voir un age se comptant en centaines d'années, et une vie mouvementée. Elle était présente depuis suffisamment longtemps pour que la population locale ne lui prête plus la moindre attention, la laissant là, seule avec elle même, toute à ses pensées. La seule chose qui aurait pu éventuellement faire réagir les gens du coin, était la petite créature, manifestement démoniaque, qui allait et venait sur l'énorme branche, s'éloignant de l'elfe, puis revenant quémander une caresse qui ne tardait jamais. Mais la taille de la branche, justement, la rendait invisible d'en dessous.
Abandonnant sa contemplation, l'elfe posa les yeux sur la créature qui était revenue sur le haut de sa cuisse, comme sentant que sa maîtresse allait sortir de sa contemplation silencieuse. Elle sourit en voyant le museau aux petites dents aiguës se tendre vers elle. Instinctivement elle gratta le cuir doux et tiède entre les yeux et les naseaux, faisant grogner de plaisir le petit être.
"Tu crois qu'il m'attendait ?" Demanda-t-elle en chuchotant à la créature qui la regardait. "Il disait qu'il ne faisait que passer dans les environs... que ce n'était qu'une coïncidence, mais... tu le crois toi ? Le jour de mon arrivée ici, comme par hasard...
L'elfe soupira lentement.
"Non, il ne faut pas que je me fasse d'idée, je le sais bien. Je suis quoi pour lui ? Une petite fille capricieuse qui volette d’un amour à un autre... Il n'a toujours pas oublié sa compagne... depuis tout ce temps... alors que moi... "
L’elfe exhala un long soupir et ses yeux se fixèrent sur l’horizon.
"Ethanlen... comment pourrais-je t'oublier ? Oublier tout ce que tu as fait pour moi depuis le jour où tu m'as sortie des griffes de ce proxénète pour faire de moi la compagne de ta vie... moi, pauvre elfe solitaire et perdue, soumise aux caprices des humains. Oublier les deux cent cinquante et quelques années qui ont suivi de ce bonheur indicible et quotidien ? Non, jamais je ne pourrais t'oublier quelque soit la vie que je mènerai, tu seras toujours à mes coté. Mais tu sais bien, mon très cher coeur, que les êtres quels qu'ils soient ne sont pas fait pour la solitude, je continue à vivre, et nous savons tout les deux que j'aimerai encore... Mais pour toujours et à jamais, Ethanlen, je t'aime.
Edelween... mon ange du bonheur. Toi par qui le sourire est revenu. Tu aurais du te méfier de moi, malgré ta solitude, malgré ma souffrance, je ne suis pas celle qu'il te fallait. Je ne sais que trop ce qu'il te faudrait, toi l'enfant que je connais par coeur. Je pourrais même te donner ce que tu veux... mais dans quel but ? Tu t'apercevrais bien, un jour, que je ne suis pas celle que je semble être... que je t'aurais mentit... et tu m'en voudrais alors.
Je regrette ce jour où je t'ai demandé ta main, je regrette ce mariage et tout ce que j'ai eu à faire pour en arriver là. Je regrette tout ça, non pas parce qu'il s'agissait d'un beau geste... mais parce qu'aujourd'hui, je me rends compte à quel point j'ai été égoïste, immature et stupide. Et toi, trop jeune, tu n'as rien vu venir. Je suis désolée ma puce... même si ces deux ans ont été une intense source de bonheur pour moi, je n'aurais pas du te demander ta main. Je ne suis pas faite pour toi, même si l'affection que je te porte est immense. J'espère de tout mon coeur que tu pourras retrouver la stabilité que je t'ai enlevée.
Malphyrion, toi qui te trouve comme par hasard sur mon chemin, je n'ose croire que tu vois en moi autre chose qu'une horrible gamine, moi même je ne sais pas ce que je veux vivre avec toi. Tu as toujours été un compagnon sur lequel je pouvais compter dans les batailles, et j'ai découvert récemment que tu pouvais être un ami agréable dont la présence me donnait envie d'être meilleure. Je sais aussi à quel point ton passé est présent, de même que tes amis et ta guilde. Alors je crois que je vais vivre, simplement, sans rien attendre de demain. Il y a ce monde immense et étrange qui n'attend que nous, alors profitons en. Ensemble peut être..."
Perchée sur son arbre, grattant affectueusement la créature blottie contre elle, l'elfe s'imagina sauter et planer dans la vallée qu'elle voyait en contre bas. Elle le savait, elle le sentait, bientôt elle en serait capable. L'outreterre lui avait fait un don, ce pays étrange avait réveillé son coeur de bête pour lui offrir une nouvelle forme, et bientôt... bientôt... Les yeux fermés Meeleloo finit par s'endormir rêvant qu'elle volait, accompagnée d'un druide aux cheveux verts.
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